Benoît... Tu me manques

Publié le par Nad

Eh oui... Y avais-tu seulement pensé "avant" de faire ce que tu sais ? Avais-tu seulement imaginé que tu pourrais manquer à quelqu'un ? Qu'il existait sur cette foutue planète au moins une personne qui tenait à toi, qui cherchais à t'aider ?

Je n'ai pas les réponses aux questions que je me pose. Il n'y avait que toi qui les avaient. Ca fait 2 ans aujourd'hui. 2 ans où j'ai pu voir s'amasser tous les messages t'étant destiné, 2 ans où l'on a pu voir un défilé de messages de ta famille, tes amis. Toutes ces personnes qui tenaient à toi mais dont tu devais certainement douter.

J'aimerais passer un message aux personnes allant mal et songeant à se suicider. J'aimerais leur faire comprendre qu'il y a toujours de l'espoir, même quand on est au plus bas. Même quand on ne voit aucun espoir, il y en a pourtant, un peu caché, mais il y en a. Il suffit de rester pour le trouver. Il suffit de se tourner vers ses amis, sa famille, une aide psychologique, pour finir par trouver cet espoir. Pour se rappeler que la vie vaut la peine d'être vécue.
J'aimerais que les personnes qui voudraient voir ce qu'il y a de "l'autre coté" pensent au mal que leur disparition va faire aux autres. Que ces personnes, comme moi, qui restent après la disparition, vont souffrir à un point inimaginable. Que ces personnes vont rester avec des doutes atroces... "pourquoi n'ai-je rien vu ? M'a t-il demandé de l'aide . N'ai-je pas compris le message ? Aurais-je pu l'aider ? Ai-je dis quelque chose de travers ? N'avait-il pas confiance ?". On reste avec nos doutes, un sentiment de culpabilité... "j'aurais dû rester, le faire parler. Je n'aurais pas dû partir. J'aurais pu comprendre, j'aurais DU comprendre".
Un coup on déteste la personne de nous avoir fait ça (de façon égoïste puisqu'à ce moment-là, on ne pense qu'à sa douleur personnelle, en oubliant que l'ami a dû horriblement souffrir, de ces démons intérieurs et du passage à l'acte), un coup on se déteste de détester l'ami qui allait tellement mal qu'il ne voulait plus faire face.

Benoît était pour moi un ami. J'ai cru tout avoir fait, tout avoir tenté, pour l'aider. je l'ai fait parler, se confier, encore et encore, pour l'aider à surmonter ses problèmes, pour qu'il se sente soulagé. Il me l'a fait croire d'ailleurs. Peut-être était-ce vrai, en surface... Mais en définitive, les problèmes continuaient de s'accumuler, et quand sa meilleure amie s'est suicidé, il a perdu tout repère. La femme qu'il aimait (via net) et qu'il avait essayé de rencontrer le rejetait (NB : 2 ans de relation virtuelle, il finit par aller la voir parce qu'elle dit "oui on se rencontre" un jour, le lendemain, elle ne veut plus lui parler, le surlendemain "je t'aime mon amour", le jour d'après "on se rencontre mon chéri ?", le jour d'après... elle ne veut plus lui parler). Il a été la voir, il l'a vue... Mais elle ne l'a pas laissé entrer. Il était là-bas un samedi soir, repartait par le premier train du dimanche matin... il a dormi dehors, elle l'a laissé dormir dehors, comme un chien !). Mais il disait qu'il s'en remettait, parce qu'après tout, il avait fini par comprendre que cette relation ne lui apporterait rien, mais qu'après tant de temps, il voulait simplement "la voir". Et sa meilleure amie s'est suicidée... Il s'est suicidé le lendemain soir. Il s'est jeté sous un train. C'était il y a 2 ans, jour pour jour.

Un jour, je le sais, je ne pourrais même plus lire les blogs des autres. Parce que l'idée de perdre encore quelqu'un de cette façon m'est insupportable. Parce que le fait de savoir que je ne peux pas aider les personnes, ça me rend malade. C'est un des petits buts de ma vie. Tenter d'aider les gens. J'ai failli pour Benoît, j'ai échoué. Il ne voulait peut-être pas être aidé.... Même si ses messages disaient l'inverse. Même s'il semblait rempli d'espoir, aimant la vie à plein tube... Tout n'était qu'illusion... Je ne savais pas qu'il était dépressif. Je n'ai rien senti. J'essaye de ne pas me dire que c'était sur un coup de tête qu'il s'est foutu en l'air, ça fait encore plus mal. Qu'il ait fait ça et au moment où le train est passé, qu'il ait repris contact avec la réalité et regretté une seconde avant le moment fatidique.
La nuit passée, je suis retournée sur mon ancien hébergeur de blogs. J'ai été relire une personne qui avait d'énormes problèmes. Il voulait se suicider par un temps aussi. Parce qu'il ne se trouve pas normal, pas humain. Parce que les fêtes ça l'énerve, entendre rire le déprime, parce que les réunions de famille il ne comprend pas le but, parce que l'idée de réaliser sa vie est une chose qu'il ne comprend pas, qu'il ne voit aucun intéret à des sorties entre potes, et qu'il ne voit même pas l'intérêt d'avoir des amis... Cela faisait quelques mois que j'avais décroché de son blog, parce que j'avais fini par cerner son plus grand problème. Il se complait dedans, il se nourrit de ça. Il ne veut pas être aidé. J'ai eu la "surprise" de lire un de ses mails, dont il se vantait et était fier, adressé à un autre bloggeur, certainement au plus bas du moral, parlant de suicide. Le gars écrivait dans son mail des choses comme "t'es de plus en plus nul, tes notes sont à chier, tu ferais mieux de te foutre en l'air, tu rendrais service aux autres si tu trouvais le courage, t'auras jamais le cran de le faire, arrêtes de l'écrire passes à l'acte, si tu veux je t'aide, etc". Le pire étant qu'à la fin de la copie de son mail, le bloggeur précise que depuis cet envoi, l'autre n'a plus rien écrit sur son blog. Il écrit espérer que l'autre s'est finalement bien suicidé, que lui-même serait des plus heureux s'il pouvait en avoir la confirmation, il serait donc sûr d'avoir enfin fait "quelque chose de bien".
J'ai passé des mois à essayer d'aider un véritable monstre. Quand j'ai lu ce message, j'étais écoeurée. Cet homme n'a pas de coeur, pas une once d'empathie pour les autres. Il ne ressent que le mal, n'a envie de faire que le mal autour de lui. Il voudrait certainement que les autres se sentent aussi mal qu'il se sent mal lui-même. Ca me dégoute.

Peut-être que le jour suivant le suicide de sa meilleure amie, Benoît est tombé sur ce genre de gars complètement malade du cerveau, et qu'il a reçu un conseil comme "si tu ne surmontes pas ton chagrin, jettes toi sous un train, tu ne souffriras plus"...

Benoît était quelqu'un de formidable, de rare, d'exceptionnel. Je ne dis pas ça parce qu'il est décédé, je dis ça parce que je le pensais à l'époque et le pense encore. Il était d'un fair-play hors norme, il était réputé dans sa passion, le scrabble.
En écrivant cette phrase, je viens de me figer. En parlant du scrabble. Un détail vient de me revenir en tête. L'année dernière, sur mon ancien blog donc, j'avais écrit une note sur lui. Je parlais aussi du scrabble, où il excellait. Et je viens de me souvenir avoir reçu un mail de l'autre bloggeur, celui qui a écrit son mail. Parce qu'en fait, il le connaissait un peu, de nom je crois simplement qu'il m'a dit. Un peu plus et il lui aurait vraiment dit aussi de se jeter sous un train... Mais il était moins grave à l'époque. Enfin bref...

Benoît, tu me manques :(

 


Ecrit l'an dernier

Je pourrais rêver d'un monde où les hommes vivent avec pour refrain "liberté, égalité, fraternité"... Où nous serions tous égaux, où il n'y aurait aucune différence, distinction, entre les sexes, les "races", ou son propre voisin. Un monde où l'argent n'aurait pas son poids, ni ne dirigerait notre vie.
Je pourrais rêver juste d'un monde où les lois seraient correctement écrites, existeraient pour penser avant tout aux personnes avant de penser à l'Etat et son nombril.
Je pourrais juste rêver d'un monde sans lois, qui ne nous couperaient pas toute liberté, après tout, nous ne sommes pas des bêtes, on peut bien vivre en communauté sans s'entretuer (quoique...).
Je pourrais également rêver d'un monde beau, vert, pur, où il ferait bon vivre, où l'amour et l'eau fraiche serait la seule monnaie courante...
Mais, finalement à quoi bon tout ça ?

La seule chose, le seul réel monde auquel je rêve est un monde où les hommes ont leur problèmes parce que finalement, l'Homme n'existerait pas sans problème je crois, Homme, créature tellement complexe et simple... Une vie simple ne lui suffirait pas, une vie belle se verrait tachée, détruite, parce que... C'est comme ça.
Je voudrais juste que dans ce monde, les gens aient leurs petits problèmes, mais que dans le fond, il se sente bien. Il s'accepte tel qu'il est, il accepte son voisin tel qu'il est. Surtout, je ne voudrais que personne ne se sente mal à l'intérieur, mal au point de penser "qu'après", c'est mieux.
Les termes dépression, déprime, moral à zéro, trou sans fond, et brouillard obscur n'existent pas.

Je voudrais que le suicide n'existe pas.

Il y a un an, je parlais tous les jours sur le net depuis quelques temps, par mail, sur forum avec un ami, "pseudoté" Edmond. Tous les jours, du matin au soir, des mails à intervalle de 5/10 minutes souvent. Jamais une réelle conversation via un messenger, non, des mails à coeurs ouverts, où il me racontait son mal-être, ses pensées, ses idées. Et ses espoirs avec une relation qu'il entretenait via le net mais qui se passait assez mal parce que la jeune fille était terriblement... complexe. Et il s'était avéré d'une patience infinie avec elle pourtant. il y croyait, il espérait... Et l'espoir s'est tari et il est entré dans une période noire où la vie s'est acharnée sur lui, allant jusqu'à lui enlever sa meilleure amie...

le mercredi soir du 13/11 il est parti violemment pour un nouveau monde. Je ne sais pas lequel réellement, peut-être ne l'a t-il pas trouvé d'ailleurs, ce monde où il se retrouvait enfin une place, où les gens ne le prendraient pas pour un imbécile, où la vie lui serait enfin souriante. J'espère qu'il a trouvé son monde à lui, peut importe où il est, et même si je n'ai aucune croyance particulière sur l'après, je me suis toujours plue à en rêver pour la famille, les amis disparus.

Je dédie ce petit hommage mal construit à Benoît H., disparu l'an dernier, qui a cru qu'il pouvait partir pour un autre monde, meilleur que celui-ci et plus juste, sans avoir conscience que même sur le web, les amitiés, contrairement à l'amour, pouvaient être sincère, qu'il n'était pas seul, et qu'il a laissé une poignée d'amis qui tenaient quand même vraiment à lui.

Tu me manques Benoît et tu ne le sauras jamais.

Publié dans Les souvenirs

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L
:0017: tu parles du pape? Non je déconne, je comprends ton état, délicat et sombre et des moments lumineux! Sache sque je suis de tout coeur avec toi<br /> amitié<br /> lionel
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